Le début de la fin

Le début de la fin

Jeudi 23 juin 2046
Une catastrophe. Le début de la fin. Nous avions été prévenus longtemps à l’avance, mais à force d’ignorer les avertissements, les forces de la nature se sont rebellées. Le terrible tsunami qui a ravagé la moitié de l’Europe il y a maintenant deux semaines s’est enfin retiré. Les eaux sont maintenant complètement polluées, l’eau potable diminue à vue d’œil et va bientôt disparaitre. La faune marine a succombé. D’autres effets secondaires, toujours plus terribles les uns que les autres, apparaîtront d’un moment à l’autre.

Vendredi 24 juin 2046
Nous avons désormais des chiffres quant au temps qu’il nous reste avant l’épuisement des réserves d’eau potable. Dans trois semaines, les plus faibles s’en iront, et la vie disparaitra doucement de la terre. Des rations ont été mises en place, la guerre de l’eau a commencé. Dans la panique naissent de nombreuses émeutes, les blessés sont nombreux et les ressources pour les soigner sont épuisées. Nous courons vers une nouvelle catastrophe. Dans les pires moments où les humains devraient user de compassion, amour et entraide, ils ne connaissent que violence, haine et égoïsme. L’instinct animal se sera perpétué durant toute l’existence de l’Homme.

Dimanche 26 Juin 2046
Ma sœur s’est empoisonnée avec de l’eau de pluie polluée. Nous avons fait le choix de nous priver d’eau pour elle malgré les mises en garde et reproches des autres habitants. Ils prétendent qu’elle finira par mourir, que nous réduisons notre vie en gaspillant de l’eau. Je continue à espérer. Un miracle peut encore arriver. Son état s’aggrave d’heure en heure. L’eau manque. Je ne sais plus que faire : la sauver et risquer de mourir ou l’abandonner, son cas étant soi disant désespéré.

Mardi 28 Juin 2046
Cette nuit, ma tendre petite sœur s’en est allée de cette terre. Nous la pleurons, mais savons que nous ne tarderons pas à la rejoindre. L’eau diminue à vue d’œil et la nourriture commence à manquer. L’air est humide, sale. Tout moisit. Le sol est boueux. L’homme paye enfin le prix du saccage qu’il a fait de la nature. Le désespoir s’empare de la population et nous apprenons de nombreux suicides. Je continue à espérer. C’est un véritable carnage, nos ancêtres n’auraient jamais pu imaginer ça.
Ce journal a été retrouvé en France à Billom. Ce petit village se situe à 20 Km à l’est de Clermont Ferrand.
En effet, en juin 2046, un tsunami ravageant la France et l’Europe avait causé la perte de nombreuses personnes. Comme on peut le voir dans cet extrait, la survie des humains était remise en cause à ce moment là : les catastrophes naturelles ne faisaient que s’enchainer, provoquant des catastrophes nucléaires, pollution de l’eau liée aux usines… Heureusement ce phénomène inexplicable finit par s’arrêter en janvier 2047 sans aucune explication.
Cet extrait de journal découvert en avril 2083 est aujourd’hui conservé au musée de la nature à Ottawa au Canada. La reconstruction des villes et villages est un travail énorme. Les prévisions de l’accroissement démographique ont été chamboulées : 11 milliards avaient été prévus pour 2100, 740 millions pour l’Europe, la population européenne a quasiment été rayée de la liste… Le tsunami a beau s’être retiré, le niveau de l’eau a tellement augmenté qu’une partie de l’Europe est devenue océan, la seule partie de l’Angleterre encore émergente n’est plus que marais.
Les politiques espèrent une avancée technologique rapide pour arrêter la fonte de l’Arctique, autrement la catastrophe européenne ne va qu’empirer.

Lorentz Xénia, seconde 1
Ce travail a été réalisé dans le cadre des cours de littérature (E. Néau) au CDI et en lien avec le prix « Lire pour demain ».

Naya, la guerre de l’eau

Naya, la guerre de l'eau

Nous sommes en 2124.

Les problèmes causés par le manque d’eau potable sur Terre n’ont cessé de s’aggraver. Aujourd’hui, la quantité d’eau non polluée sur la planète est infime, la population a été divisée par quatre et ne cesse de diminuer, l’espérance de vie moyenne est de 25ans et la fin du monde approche à grand pas.
Naya est une petite fille âgée de 9 ans, mais, malgré son jeune âge, sa peau est ridée comme celle d’une très vieille personne, ses cheveux sont presque inexistants, elle est extrêmement faible, tout le temps malade, elle est à la fin de sa vie. Cette misère touche toute la population mondiale, à l’exception de quelques élites qui ont encore accès au peu d’eau potable restant. Naya n’a droit qu’à un verre d’eau par jour, eau non assainie, non purifiée, porteuse souvent de maladies en tous genres. Sa famille n’a pourtant pas toujours vécu dans de telles conditions, puisqu’elle est l’arrière- arrière- arrière- petite- fille d’un Président des États Unis. Sur Terre, il n’y a presque plus de nourriture et les gens s’entretuent pour quelques gouttes d’eau ou pour quelques légumes. C’est le chaos total. Nous ne parlons plus de conditions de vie mais de survie. Une femme sur deux meurt à l’accouchement, les commerces ne fonctionnent presque plus, et un tiers de la population dort dans la rue. Tout est pollué, l’eau, l’air, à tel point que plus personne ne sort sans masque de protection. Toutes les villes sont recouvertes de nuages de pollution permanents, comme un brouillard constant, extrêmement nocif. La NASA envisage d’envoyer des hommes sur une autre planète, mais d’ici le moment où ils auront trouvé le moyen d’en rendre une habitable, les statistiques affirment qu’il n’y aura plus de vie sur Terre. Des centaines d’espèces d’animaux ont déjà disparu, c’est un désastre. Hommes, femmes, chaque être humain est terrorisé par son avenir, le nombre de suicides dans le monde chaque jour se compte maintenant en dizaines de milliers.
Ce matin-là, à son réveil, Barack Obama n’était plus tout à fait le même. Il savait qu’il devrait user de tout son pouvoir et de toute son influence politique pour que ce cauchemar ne devienne jamais une réalité. Il voulait désormais renforcer les actions de sensibilisation au développement durable, et prendre ce sujet très au sérieux. L’eau est loin d’être un simple moyen d’hydratation, c’est un élément essentiel pour la planète.

Mélissa Clar et Elsa Depaw, seconde 1
Ce travail a été réalisé dans le cadre des cours de littérature ( E. Néau) au CDI et en lien avec le prix « Lire pour demain ».

Les soupirs du monde

Les soupirs du monde
Alors qu’Octus buvait une gorgée de café, les premiers résultats apparurent. S’ils étaient convaincants, il obtiendrait sûrement le prix Nobel ! Tandis que l’écran affichait des lignes de code, le jeune scientifique imagina les immenses progrès que l’être humain ferait en téléphonie. Finis les décalages entre le son et l’image. Finis les décalages entre le présentateur-télé et le journaliste. Finis les décalages entre les utilisateurs de Skype… L’onde qu’il avait découverte ouvrait de nouvelles possibilités presque infinies ! Elle ne traversait pas seulement la matière, elle traversait aussi les barrières physiques qui séparaient notre dimension à une autre, hors du temps.
Il lança le traitement informatique. Après un chargement qui lui sembla durer une éternité, un grésillement résonna dans la salle d’expérience. Il monta le son. Personne ne pouvait l’entendre de toute façon, il était en plein milieu d’une plaine perdue du Pôle Nord. Après maints calculs, tests et expériences, il s’était révélé que c’était l’endroit où l’onde s’était le plus manifestée.
Octus lança la restauration du fichier-audio. Ces interférences étaient bon signe. Il captait quelque chose. Il attendit quelques minutes puis lança la lecture du fichier :
« Tout se passe exactement comme je me l’étais dit, enfin… je crois que c’était moi, l’homme de la radio ! AHHRG ! JE DEVIENS FOU !!! Le monde dehors ne vaut plus rien. Depuis l’Effondrement, tout est allé si vite ! Les catastrophes naturelles, les catastrophes artificielles provoquées par les guerres, les attentats… je ne sais plus qui je suis…ni ce que je suis… NOTRE FIN EST PROCHE ! L’humain s’est détruit ! L’HUMAIN S’EST TU ! CETTE BANDE DE LARVES QUI PARESSAIT DANS LE CANAPE PENDANT QUE LA PLANETE DEVENAIT PUTRIDE. J’en ai marre ! JE CRAQUE ! » Octus entendit des sanglots étouffés. Après quelques minutes, une voix enrouée finit par se faire entendre : « Tu peux encore tout changer…toi…moi je n’ai pas prêté attention aux quatre autres messages… je n’avais vu que l’aspect scientifique de la chose… mais toi… il te reste encore quelques jours… notre monde a parlé…et… nous ne l’avons pas écouté»
Le scientifique ouvrait et refermait la bouche, abasourdi. Etait-ce possible ? Un message du futur. Cela lui rappelait les livres de science-fiction qu’il lisait étant adolescent. Non, en fait, ce qui le stressait le plus était le fait que le message semblait lui être adressé…
Mais la science avant tout ! Il diminua la puissance de l’impulsion et relança un appel. Après trois interminables minutes, il capta quelque chose. Il refit les manipulations nécessaires et démarra la lecture du fichier :
« Il est vingt-trois heures, j’ai faim, j’ai froid. Je n’ai pas réussi à réparer le chauffage. Les groupes électrogènes sont morts. Je ne peux plus sortir pour chasser le peu de phoques ou d’ours qu’il reste. A cause des 1,5C° pris en sept ans, de la surconsommation et des marais noirs, la banquise est devenue une soupe immonde de déchets et de pétrole. Ce qui a rendu mon terrain de chasse impraticable et mes proies très agressives. En plus, la fonte des pôles a provoqué de grandes inondations et des tsunamis démesurés un peu partout dans le monde. Miami, New York et toutes les îles tropicales de l’Indonésie ne sont plus que de vieux souvenirs. Et en parlant de tropiques : l’extension imprévue de la zone tropicale a provoqué de nombreuses épidémies incontrôlées. Les fidèles extrémistes du « Grand Renouveau », eux, continuent leurs attentats. Bien qu’ils semblent s’être calmés, ils affirment que la fin de la « Purge humaine » approche. Ils n’ont pas tort. D’après mes estimations, encore cinq ans et on ne verra plus un humain vivant à la surface de la terre. NOTRE MONDE HURLE, POURQUOI PERSONNE NE L’ÉCOUTE ??? »
C’était la même voix que dans le premier message. Il en était sûr. Mais…quelque chose d’étrange imprégnait cette voix…quelque chose qui lui était… familier… trop familier. Une idée germa dans son esprit. Était-ce possible ? Après tout, il s’agissait du temps. Peut-être que cette dimension censée être hors du temps était La dimension du temps…
Il devait en avoir le cœur net. Il effectua le même protocole et lança la lecture :
« Le ravitaillement s’est arrêté il y a quatre semaines. Des semaines ou des années, quelle importance ? Je me suis préparé à ça. Je me suis rationné et j’ai construit du matériel de chasse. Je peux encore survivre quelque temps. Les théoriciens du « Grand Renouveau » on enfin était arrêtés. Mais cela n’empêchera pas les plus fidèles au mouvement de continuer leur croisade, leur foutue « Purge humaine ». Et puis les guerres de l’eau et du pétrole sont bien plus efficaces. On se balance des bombes nucléaires sans penser une seconde que ça pervertit les ressources qui sont source des conflits. D’après la radio, les catastrophes naturelles s’enchaînent : des tremblements de terre provoqués par tous les forages effectués pour récupérer des énergies fossiles, toujours plus profondément ; des tsunamis et ras de marées provoqués par la fonte des glaces et ainsi de suite. Non, le pire, ce sont les catastrophes artificielles, les fléaux : au lieu de se pencher sur des méthodes de préservation de la nature et de l’humanité, les scientifiques et les chimistes ont fabriqué des armes de destruction massive. Des tornades de flammes, des pluies toxiques, des invasions de sauterelles mortelles pour les plantes et les hommes, et des microbes de tous types. Notre monde crie, il faut qu’on l’écoute ! »
Octus réfléchissait. Il n’y avait plus de doute possible. Il en était sûr. Il connaissait l’homme qui parlait. Il le connaissait très bien !
Il baissa considérablement la puissance de l’impulsion. Il capta, traita et écouta le fichier audio. Les premiers mots confirmèrent sa pensée :
« Journal de bord du docteur Pélinar Octus. Cela fait maintenant neuf mois qu’il y a eu l’Effondrement. Neuf mois pendant lesquels les humains se sont entretués pour leur argent. Les guerres nucléaires ont réduit le monde en poussière mêlée de sang. Neuf mois que j’écoute toutes ces horreurs à la radio. Les partisans du « Grand Renouveau » ont de nouvelles cibles… c’est…horrible…ils visent les enfants. D’après eux, les enfants représentent l’espoir de fertilité… Et eux, tout ce qu’ils veulent c’est l’éradication complète de l’espèce humaine. Les autorités de chaque pays chassent ces illuminés. Hier encore, ces malades ont fait exploser un train plein de jeunes entre quatre et neuf ans qui fuyaient un Paris en flammes. En plus, les catastrophes naturelles s’enchaînent et d’après mes calculs, ça va aller de mal en pis. Le monde gémit, et ils ne l’entendent pas ! »
Un grand silence suivit ce message. Ainsi, Octus écoutait des messages envoyés par lui-même ! Une version de sa personnalité future ! Mais le premier message qu’il avait écouté, celui qui était le plus loin dans le temps lui était adressé ! Pourquoi ? Etait-ce une boucle ? Et puis cela ressemblait à un avertissement. Mais un avertissement de quoi ? Qu’est-ce que pouvait bien être l’Effondrement ?
Il diminua au minimum la puissance de l’impulsion, capta et lança une dernière fois la lecture du fichier reçu :
« Journal de bord du docteur Pélinar Octus. Depuis l’effondrement de la bourse, tout s’accélère. En effet, depuis que l’argent n’a plus de valeur, tout le monde veut avoir le sien en liquide. Un simple bug informatique sur les ordinateurs de la bourse et le monde prend fin. L’homme n’a toujours vécu que pour sa richesse personnelle sans penser à la richesse collective. Ils vont pourrir l’environnement pour préserver leur argent…Ils sont pathétiques. Les hackers et les terroristes profitent de la situation. En plus de cela des vagues de suicides bien plus importantes que celles de la crise de 1929 secouent le monde. Apparemment, de nouveaux groupes d’illuminés se sont formés. Les pires semblent être les partisans du « Grand Renouveau ». Ils disent pratiquer la « Purge humaine ». Ces fous furieux font des attentats pour tuer le maximum de personnes. Ce serait pour soi-disant « purifier le monde, pour que la terre mère puisse se recréer sans l’activité humaine ». Quelle bande de crétins !
Ainsi, l’argent est bien la cause de tous les maux. C’est le déclin de notre civilisation. Le monde soupire, il faut l’écouter, c’est notre seule chance de survie… »
« Notre seule chance de survie…» murmura Octus. Cela sonnait vraiment comme un avertissement. Il réfléchissait à toute vitesse. Il était un brillant physicien détenteur d’un doctorat. Il pourrait facilement et avec précision calculer les dates de chaque message.
Il se mit aussitôt au travail et au bout de quelques minutes, cinq dates s’affichèrent à l’écran :
03/02/ 2022
24/09/2021
15/01/2021
Octus sursauta en lisant les deux dernières dates. Il devait il y avoir une erreur de calcul. Il vérifia, en tremblant, le calendrier pour savoir quel jour il était : lundi 16 juin 2014. Il posa encore une fois les yeux sur les deux dernières suites de nombres puis il s’évanouit :
08/02/2015
21/05/2014

Nathan Greslin 2.1
Ce travail a été réalisé dans le cadre des cours de littérature avec Mmes Néau et Novales et en lien avec le prix « Lire pour demain ».

 

La tâche d’encre

La tâche d’encre
Paul devait partir de bonne heure ce jour-là. Le bateau les attendait depuis déjà une demi-heure. De grandes volutes de fumée noire s’échappaient de la cheminée du bateau. L’alarme sonna, il fallait partir. Julie pleurait silencieusement, il ne comprenait pas pourquoi, il était parti de nombreuses fois avec cette précieuse marchandise noire. Un mauvais pressentiment, disait-elle. Il la serra tendrement dans ses bras et l’embrassa sur le front, puis disparut dans la brume matinale. Le bateau attendait, tel un silencieux monstre noir. Paul monta à bord. Il salua Joe, Matt, Nick et les autres. Bob, comme à son habitude restait cloitré dans sa cabine, il était le meilleur capitaine qui soit et son équipage était constitué des meilleurs marins de Grande-Bretagne. Jango, le cuisinier était déjà aux fourneaux et sifflait l’air d’une chanson de marin. Le voyage allait commencer. La routine se faisait sentir dans les gestes de chacun, le bateau partit avec, en guise de passager, la plus grosse quantité de pétrole jamais transportée. L’or noir, raréfié à cause de la consommation excessive des hommes, se transportait en grande quantité vers un endroit où les pilleurs ne pouvait pas accéder ; une île perdue au milieu de l’océan Indien : Gijowana, mais en faisant une escale en Floride. La grande difficulté que seuls les marins les plus qualifiés pouvaient surmonter était le triangle des Bermudes, réputé pour ces tempêtes imprévisibles, capable de se déchaîner en moins d’une minute. Pour le moment le temps était prévu au beau fixe pour toute la semaine, ce qui annonçait un voyage tranquille et sans encombres majeurs. L’équipage s’occupait en jouant aux cartes ou à divers jeux d’argent quand le capitaine n’était pas dans le coin. Les marins, et même le capitaine étaient sereins. Une traversée bien calme, disait Joe. Jango faisait ressentir sa bonne humeur dans ses plats. Julie contactait Paul chaque soir par radio, mais malgré tous les efforts de celui-ci, cela ne la tranquillisait pas. Le voyage allait être long, et allait durer de longues semaines. Le temps changea bien vite, la mer était agitée. Paul et les autres, en marins aguerris, trouvaient le temps idéal. Ils aimaient cette mer agitée, déchaînée qui recouvrait le pont de temps à autre. Ils ne leur restaient plus que quelques jours avant d’arriver à destination. La tempête se déchaîna en fin de journée du jour précédant leur arrivée. Les vagues déferlaient sur le pont comme d’immenses tentacules s’agitant dans les airs. Le vent soufflait fort et contraignait les marins à s’accrocher à la rambarde à chaque bourrasque. Ils étaient trempés. Le premier à tomber à l’eau fut Matt. Les autres n’eurent pas le temps de le pleurer, ils durent aussitôt se ressaisir afin de vaincre la tempête. Certaines vagues s’élevaient à plus de dix mètres au-dessus du bateau. L’équipage était terrorisé mais le capitaine restait de marbre. Soudain le bateau se retourna brusquement laissant à l’eau Nick, Joe et Jango. Il ne restait à présent que Paul et le capitaine. Paul priait de toutes ses forces pour survivre et revoir Julie. Elle avait raison, il n’aurait jamais dû partir. Le bateau dérivait de plus en plus près du littoral. Une énième vague assomma Paul et le capitaine, les laissant inconscients. Paul se réveilla, juste à temps pour voir l’énorme pétrolier s’écraser contre les rochers et il reperdit connaissance. Le liquide se déversa rapidement dans la mer formant une immense tache d’encre, engloutissant tout sur son passage. L’odeur était insoutenable, les oiseaux étaient pris au piège et s’étouffaient, agonisant lentement. Les poissons remontaient un à un à la surface, noirs de pétrole. La faune agonisait. Tout un écosystème était en train de disparaitre. Le bateau coulait lentement comme les larmes de Julie ce matin-là, devant sa télé, en entendant le nom d’une des victimes de cette « tragique marée noire » : Paul Austman.

Zoé Pacaud et Madisson Stringer, seconde 1
Ce travail a été réalisé dans le cadre des cours de littérature au CDI et en lien avec le prix « Lire pour demain ».

Ma destination

J’écrivais ma lettre de motivation à mon hypothétique futur patron :

« Mr Smith, je m’appelle Kévin Kart, je suis français, j’ai 21 ans et j’habite actuellement à New York. Je suis intéressé par votre proposition de formation pour devenir ingénieur aéronaval : j’ai obtenu (en France), un BAC S mention bien et j’ai eu de très bonnes appréciations de tous mes professeurs ; je travaille énormément l’anglais car, après avoir choisi d’exercer ce métier, je me rends compte de l’utilité de cette langue. Je suis passionné par les avions supersoniques et j’ai appris que votre entreprise en fabriquait ; enfin, j’aime beaucoup voyager. Lorsque je voyage, je regarde le moindre détail de l’avion dans lequel je me trouve. De plus, concevoir de la technologie moderne est une des activités qui m’intéressent le plus.

Dans l’attente d’une réponse que j’espère positive, veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations les plus distinguées. »

Je finis d’écrire cette lettre, enfin ! J’avais sommeil, il était deux heures du matin, mais je devais écrire une autre lettre de motivation pour une autre entreprise.

Le lendemain, j’allai à la poste la plus proche, je déposai les deux lettres en pensant qu’elles arriveraient à temps ; je pouvais espérer avoir enfin un poste. J’avais écrit beaucoup de lettres de motivation, personne ne m’avait jamais répondu. Les lettres avaient sûrement dû être froissées et mises à la poubelle sans que personne ne se préoccupe de mon sort. Je rentrai chez moi, épuisé : j’avais mal à la tête, au ventre et je m’endormis difficilement.

Un mois plus tard je reçus une lettre. Je regardai l’adresse de l’expéditeur et je vis qu’il s’agissait de celle de l’entreprise dans laquelle j’avais envoyé ma première lettre de motivation. Je l’ouvris très lentement, j’avais peur, peur que ma demande soit refusée. Je m’imaginais déjà réécrivant une lettre à une autre entreprise très lointaine, ce qui entraînerait un nouveau déménagement,…

Je sortis la lettre de l’enveloppe, je pris une grande inspiration et ouvris cette feuille si importante pliée en quatre.

La première phrase que je vis était :

« Mr Kévin Kart, votre demande est acceptée »

Je ne lus même pas la suite : je sautais de joie, je courais partout dans ma propre maison en criant de joie… heureusement que je n’avais pas de voisins !

Deux  ans plus tard, je devins ingénieur débutant en aéronaval. Des mois passèrent et mes collègues et moi avions mis au point une nouveauté jamais construite : un avion supersonique volant à Mach 6, c’est à dire qu’il volait à une vitesse six fois supérieur à celle du son, c’était impressionnant ! Nous construisîmes aussi plusieurs avions volant à Mach 4.

Mes collègues décollèrent avec ces nouveaux engins. J’étais déçu de ne pas être avec eux mais je n’avais pas assez d’expérience.

Le seul problème de ces avions était que, comme ils allaient à une vitesse qui dépassait la limite du mur du son, ils produisaient des explosions très bruyantes dans l’air. D’ailleurs mon père me disait que les explosions engendrées par ces avions rendaient la nature furieuse et qu’un jour, elle allait se venger ! Mais je ne croyais pas à toutes ces bêtises : comment la nature pourrait-elle se venger ? Les humains ne sont-ils pas les maîtres du monde ?!

C’était impressionnant de voir la vitesse à laquelle allaient ces avions !

Mes collègues firent plusieurs essais pendant plusieurs semaines et je les regardais avec envie chaque fois qu’ils décollaient. Les mois passèrent, puis, un jour se produisit un terrible orage, le plus violent que j’avais jamais vu et il pleuvait énormément. J’allai à mon travail quand soudain, l’alarme d’alerte retentit. Elle faisait un bruit horrible et ne s’arrêtait plus. C’était effroyable : au bout de 10 minutes à peine, tout le monde courait dans les rues ; les gens étaient paniqués et moi aussi.

Tous se posaient les mêmes questions : « Que se passe-t-il ? Il y a un tsunami ? Un ouragan ? Des terroristes ? Une bombe atomique ? Où fallait-il aller ?… »

Moi, je me dirigeai toujours vers mon entreprise en courant et en espérant trouver un de mes collègues. Au bout de quelques minutes, j’en trouvai un qui courait comme un fou vers moi. Je lui demandai :

– Que se passe t-il ?

– Il y a un cyclone qui arrive droit sur nous !

Sans me poser de questions, je suivis, comme tous les autres, la direction de l’ouest, loin de l’océan, et l’alarme ne s’arrêtait toujours pas.

Au bout de quelques minutes, mon collègue me cria :

– Non ! Arrête-toi ! Allons à l’entreprise !

– Pourquoi ?

– Prenons les avions, on ira plus vite !

– Tu as raison. Mais ne peut-on rien faire pour les autres habitants ?

– Non, on ne peut pas lutter contre la nature et puis on n’a pas le temps de sauver tout le monde, allez viens ! New-York risque sûrement d’être détruit !

– Bon, partons ! »

Et nous fîmes le chemin inverse. C’était difficile car tout le monde nous bousculait mais au bout d’une petite demi-heure, nous arrivâmes à notre entreprise. Mon collègue prit un avion supersonique, et moi, je pris un avion classique.

Je décollai en direction de la France où vivaient mes parents ; mon collègue, quant à lui, partit en Italie où il connaissait des amis. Je ne sus jamais s’il était arrivé à destination…

Au bout d’environ deux cents kilomètres, l’orage était encore plus violent qu’à New York et il pleuvait plus violemment mais je devais continuer mon vol.

Quelques minutes passèrent et je vis le cyclone. A la distance où j’étais, je voyais un mince filet noir qui s’étendait de l’océan vers le ciel noir. Puis, je vis un deuxième filet noir : y avait-il un deuxième cyclone ? Ensuite j’aperçus un troisième cyclone, puis encore un et encore un autre, … Il n’y avait pas qu’un seul cyclone, il y en avait une trentaine qui arrivaient droit sur les États Unis et le pire, c’est que je ne pouvais rien faire. Je fis un grand détour pour éviter la plus grande catastrophe que les USA allait, peut-être, jamais connaître.

Au bout de plusieurs heures effroyables pendant lesquelles la tempête ne s’arrêtait jamais, j’arrivai enfin en France.

Je retrouvai mon chez-moi, mon pays,  mon village natal… et ma maison. Je sonnais en espérant que mes parents seraient là. J’attendis et j’avais froid : j’étais trempé jusqu’aux os.

Après quelques minutes d’attente, j’entendis du bruit dans la maison, puis, mon père m’ouvrit.

Il avait l’air très grave, comme s’il n’avait pas envie de me voir. On se regarda pendant quelques secondes dans un silence le plus total. Enfin, ce fut mon père qui prit la parole le premier :

– Qu’est-ce que tu fais ici ?  me demanda-t-il.

– Je me suis enfui des États Unis : il y a plein de cyclones qui sont arrivés là-bas ; à l’heure où nous parlons, les USA ont dû subir pas mal de dégâts. Je n’ai nul part où  dormir, laisse-moi entrer.

– Non, tu dormiras dans un hôtel mais pas ici.

– Mais pourquoi ?

– Parce que je sais ce qui s’est passé aux États Unis, je regarde les informations : ils ne parlent que de ça. Imagine un peu, les États Unis n’ont pas « subi pas mal de dégâts », tout l’Est des USA est à l’heure où nous parlons sous les eaux, même New York

–  Même New York ? Quel drame !! Mais cela ne répond toujours pas à ma question : pourquoi ne puis-je pas dormir ici ? Ce n’est pas de ma faute si les États Unis ont subi des cyclones, c’est un phénomène naturel !

–  Si, c’est de ta faute : les trente-trois cyclones ne se sont pas déclenchés par hasard, ils ont été déclenchés par des explosions dans l’air et qu’est-ce qui  a provoqué, à ton avis, ces explosions ? Ce sont tes foutus avions supersoniques !

– C’est…C’est…Ce n’est pas possible !

– Si, à cause de toi et de tes collègues, la plus grande puissance mondiale est sous les eaux, ce qui provoquera la plus grande crise mondiale que le monde ait jamais connue, alors maintenant, va-t-en ! Je ne veux plus te revoir !

–  Mais attends…

Trop tard, il avait fermé la porte en me laissant seul sur le seuil.

Je partis, je ne savais même pas où…Je pleurais. Mon père avait raison, c’était de ma faute. Si je l’avais écouté, j’aurais au moins pu prévenir mes collègues de ne pas contribuer à la construction de ces avions.

J’allais dans un bar, je m’achetais deux bouteilles de whisky. Je me mis dans une ruelle entre deux immeubles, comme un clochard, et je me soûlais.

Le lendemain, je me retrouvai dans la même ruelle mais entre deux poubelles et on m’avait volé mon blouson.

Je me rappelais les évènements de ces derniers jours en m’insultant moi-même. Je ne pouvais plus vivre avec ce poids sur la conscience.

Je me dirigeais vers l’ouest de la France. Je pris mon avion une dernière fois, je décollais, j’allais le plus haut que je pus. J’avais fait une petite demi-heure de vol quand je pressai le bouton « pilote automatique », je me dirigeai vers la porte de sortie et l’ouvrit. Un grand courant d’air me frappa, je comptai jusqu’à trois, et, quand le nombre trois sortit de ma bouche, je sautai.

Je descendis à une vitesse fulgurante et tombai vers ma destination : le fond de l’océan.

Je ne paniquais pas, je n’avais même pas peur mais je descendais toujours.

Au moment où mon corps allait percuter la surface de l’eau et donc me tuer, je fermai les yeux.

Je ne sentis rien, j’étais déjà peut-être mort. Je rouvris les yeux et, au lieu de me retrouver au fond de l’océan, j’étais dans mon bureau, en sueur avec mon pyjama trempé. J’avais deux lettres de motivation devant moi, l’une déjà terminée tandis que  l’autre avait de l’encre jusqu’à la moitié de la feuille. Ce n’était donc qu’un rêve ?

Je me dirigeai vers mon lit complètement abasourdi et m’endormis.

Le lendemain, je froissai les deux lettres de motivations et en recommençai une autre mais, cette fois, elle était destinée à une association de protection de l’environnement, ce que m’avait toujours conseillé mon père.

Valentin DUROUSSIN  (2°4)

Ce travail a été réalisé, à la suite de l’intervention d’une conteuse au CDI avec Madame Neau (professeur de français) et Madame Lecocq Hubert (documentaliste).

Comment une vieille bretonne réussit à sauver Belle-Ile

Belle-Ile en Mer…

Elle représente pour lui tant de choses maintenant, à commencer par sa nature si sauvage, si entière, parsemée de champs et de petits vallons improbables dans lesquels se nichent des villages.

Reine des marées, Princesse des vents, Perle de la mer, elle expose sans repos, depuis des siècles, aux intempéries, au souffle des tempêtes, à l’assaut des vagues, son dos et ses flancs si profondément imprégnés de l’histoire de ses habitants.

Lorsqu’il débarqua pour la première fois au Palais, il n’avait pourtant pas le moindre sentiment pour cette île.

Il était envoyé par une grande firme américaine, afin de racheter un maximum de maisons et de vider les restantes, pour que cette société puisse tout raser puis construire une sorte de gros loft pour personnes richissimes et débilitantes.

C’était une affaire qui allait rapporter gros pour tout le monde et c’est en s’efforçant de ne penser à rien et de ne rien voir d’autre que son travail qu’il arriva, tel un âne aveugle doté d’œillères.

Il s’installa dans une petite maisonnette, dans un village tout aussi minuscule, situé dans un de ces surprenants vallons, tout fleuri de boutons d’or à cette époque.

Il commença ses opérations : il avait déjà réussi à racheter trois ou quatre petites propriétés lorsque sa voisine, qui le surveillait de loin depuis son arrivée, commença à soupçonner quelque chose.

Elle faisait partie de ces petites vieilles qui portent la coiffe traditionnelle et continuent de cultiver leur potager, entourées d’innombrables animaux, possédant l’intelligence du cœur et la sagesse de l’âge.

Elle vint un matin sonner à sa porte en lui disant :

«  Cher monsieur, avant de commettre la moindre erreur irréparable, laissez-moi vous montrer notre Belle-Ile. »

Il n’eut alors le loisir de résister : elle le prit par la main, et le tirant hors de chez lui, le mena devant une bicyclette, celle avec laquelle il allait par la suite visiter tout le pays.

Valentine (car c’était son nom) l’emmena alors partout.

Armés de cannes à pêche, ils descendirent jusqu’à la cime des vagues pour pêcher le bar, perchés sur la falaise tels les goélands dont ils voyaient les nids à cinquante mètres à peine d’eux.

Pédalant sur leurs vélos, ils traversèrent la lande couverte de genêts dans tous les sens, elle lui fit découvrir des villages cachés au milieu de leurs champs plus charmants les uns que les autres, et ils déjeunèrent dans de merveilleuses brasseries, dotées de patronnes incroyablement « vraies », belles, vivantes, douces et bavardes.

Valentine l’emmena un jour au Palais, visiter le fort-étoile de Vauban, dans lequel il apprit toute l’histoire de l’île, et après quoi elle lui raconta son histoire à elle, celle de son enfance, celle d’une époque presque révolue mais encore un peu présente, l’époque des sabots au pieds, des tabliers et des coiffes des femmes, du dur labeur des champs, des pêcheurs, que pour certains, on ne mettait jamais en terre, car avalés trop tôt par la mer, époque aussi des histoires bretonnes au coin de l’âtre, une fois la nuit tombée, pendant lesquelles les yeux émerveillés des enfants luisaient dans la pénombre. Histoires fantastiques peuplées de Korrigans, de fées, de sorcières et de magiciens, et de la terrible menace de l’Ankou…

Tout en lui racontant son histoire, son époque, ses coutumes et ses souvenirs, ils entrèrent dans une boulangerie où ils s’offrirent toutes les spécialités pâtissières, du Far au Kouign-Aman en passant par les galettes bretonnes et de délicieuses brioches jaunes de beurre.

Lorsqu’il rentra dans sa petite maison ce soir-là, le vent s’était mis à souffler très fort. Dans l’après-midi effectivement, Valentine, en regardant le ciel, avait décrété qu’une tempête arrivait, et elle l’avait prévue pour la nuit.

Il fut réveillé une ou deux fois par le bruit du vent rugissant contre sa fenêtre. Les deux fois il se leva, et, l’ouvrant toute grande, prit le plaisir d’observer le somptueux spectacle de la toute puissance de la tempête déferlant sur la lande, maltraitant les champs et la végétation alentour, renforcé par le bruit terrible des vagues se fracassant contre les récifs, telles leurs ancêtres qui firent périr nombre de marins avant elles.

Et quand il frappa vers dix heures le lendemain matin à la porte de son amie, personne ne lui répondit. Il interrogea alors le voisinage et un enfant lui apprit qu’elle était partie tôt sur la côte sauvage. Le vent soufflait encore très fort, et, pris de panique, il gagna le bord de mer le plus vite possible.

En arrivant sur la côte, le bruit était assourdissant, encore renforcé par le mugissement du vent.

Le pire était qu’il n’y avait pas trace de Valentine…

Il se mit alors à hurler son nom, à la chercher frénétiquement, imaginant toutes sortes de choses plus horribles les unes que les autres : avait-elle été emportée par une lame de fond plus forte que les autres? Ou avait-elle trébuché et était alors tombée dans la gueule fracassante de la mer ? Était-elle morte à présent, noyée au fond de l’eau ou gravement blessée et agonisant dans un trou?

Il comprenait enfin la puissance des hommes, leur danger, leur pouvoir de tuer de la même façon qu’on claquerait des doigts. Nous, Hommes, avons la vanité de croire que nous pouvons domestiquer la nature, de la même façon que nous essayons de domestiquer des tigres. Et nous avons aussi la bêtise d’ignorer son pouvoir, son droit de vie ou de mort…

C’est alors qu’il entendit, confondu dans le vent, le cri tant espéré de sa chère Valentine. Suivant les bribes de voix éparpillées dans le vent, il finit par la retrouver coincée dans un trou plutôt profond. Son bras était replié sous elle selon un angle bizarre et son visage était perlé de sueur tant elle devait avoir mal.

Elle lui expliqua alors rapidement qu’elle s’était levée tôt pour aller voir le reste de tempête sur la mer, qu’elle avait trébuché et était tombée dans ce trou caché par des touffes de genêts. Elle se trouvait idiote!!! Et surtout elle avait horriblement mal…

Il dut faire appel à toute sa délicatesse pour l’extirper de là, puis à tout son sang-froid pour la conduire jusqu’à l’hôpital de Quiberon. On la plâtra et ils n’eurent pas de mal à rentrer chez elle.

C’est alors qu’un énorme problème se posa : qui allait lui faire la cuisine, le ménage, s’occuper de son potager, de nourrir ses animaux?

Il reçut exactement, à ce moment là de leurs réflexions respectives, un coup de fil urgent de sa société et il eut un déclic. Il se rendit tout d’un coup compte qu’il était tombé amoureux de ce pays, qu’il y avait trouvé une belle (qui certes avait dix ans de plus que lui, mais quelle importance ?) et il fit alors la chose la plus compliquée du monde le plus simplement : il donna sa démission.

Zoé Bietrix, Seconde 4

Ce travail a été réalisé à la suite de l’intervention d’une conteuse au CDI avec Madame Neau (professeur de français) et Madame Lecocq (documentaliste).

Babacar et les hommes de la ville

Ce matin-là, des hommes arrivèrent de la ville. Babacar, qui travaillait avec ses compagnons dans les champs depuis le lever du soleil, les avait vus arriver au loin. Ils voyageaient dans de gros véhicules tout-terrain dont le moteur ronflait alors qu’ils progressaient à vive allure sur l’unique piste de terre qui permettait l’accès au village. Lorsqu’ils ralentirent et atteignirent les premières cases, Babacar avait déjà rejoint les habitants qui, abandonnant leurs occupations, s’étaient tous rassemblés sur la petite place où avaient généralement lieu les grandes réunions, curieux d’apprendre ce qui amenait ces gens par ici.

C’était en effet un simple village d’Afrique équatoriale, sans grand intérêt – du moins pour les citadins qui se considéraient, semblait-il, bien plus développés qu’eux. Les habitants y étaient peu nombreux, mais Babacar aimait cette ambiance chaleureuse qui y régnait. Il était né dans ce village et y avait grandi en apprenant à vivre avec les autres, à respecter la nature. En grandissant, il avait pris l’habitude de travailler aux champs, et c’était pour lui naturel de labourer, planter, arroser, moissonner, chaque jour dès que les oiseaux entamaient leurs chants mélodieux, tout comme il jugeait évident que les femmes préparassent le repas et que les enfants cueillissent les fruits ou chassassent pour avoir de la viande : c’était essentiel au bon fonctionnement de la vie au village.

Le travail était certes parfois difficile, quand la fatigue se faisait sentir ou que le temps devenait pluvieux, mais Babacar savait que, si cette petite parcelle de terre que possédait le village n’était pas exploitée, il manquerait de céréales et il ne pourrait plus nourrir ni sa femme, ni ses deux fils.

Ces hommes, donc, arrivaient de la ville la plus proche, et ils demandèrent à s’entretenir avec le chef du village. Après plusieurs minutes de discussion, ils expliquèrent à l’ensemble du village qu’ils étaient venus leur proposer des produits efficaces pour l’agriculture et qu’ils trouvaient intéressant d’en propager l’utilisation jusque dans les petites cultures indépendantes. Ces engrais et pesticides – car c’est ainsi qu’ils les avaient nommés – devaient éliminer tous les petits obstacles au développement des céréales, et donner des légumes plus gros, qui mûrissaient beaucoup plus vite que ceux qu’ils faisaient pousser. L’idée enchanta immédiatement Babacar, et il constata que ses compagnons étaient du même avis. Ils acceptèrent la proposition à l’unanimité.

Le village n’étant pas très riche, les citadins firent d’abord cadeau d’une partie de leur marchandise aux habitants, afin qu’ils puissent tester eux-mêmes leurs produits. Les essais furent très concluants, et très vite on racheta engrais chimiques et insecticides. Les productions de céréales étaient désormais facilitées par la disparition des insectes, les légumes poussaient plus vite, et bientôt les hommes se rendirent compte qu’ils n’avaient plus besoin de passer autant de temps aux champs. Les enfants de Babacar étaient mieux nourris, semblaient se porter en meilleure santé qu’avant, et pouvaient passer beaucoup de temps avec leur père qui leur apprenait à devenir des hommes. On mettait tous ces changements positifs sur le compte des engrais, et régulièrement le chef prenait contact avec les gens de la ville pour que de nouveaux produits leur fussent livrés.

Les premiers mois passèrent, et tout semblait aller pour le mieux, lorsque le fils cadet de Babacar tomba malade. Il consulta le médecin, qui conseilla au garçon de rester allongé et de surtout bien se nourrir. Or, au lieu de s’améliorer son état empira, jusqu’à ce qu’il ne fût plus capable de ne boire que de l’eau. Son père, inquiet, apprit alors que d’autres enfants étaient pris de fièvre et d’une même douleur à l’estomac. On se demanda ce qui se passait, d’où venait cette épidémie. Il sembla que les oiseaux, qu’on avait l’habitude de manger aux repas de midi, avaient désormais un arrière-goût étrange, et même l’eau n’était plus la même. Ce qu’ils ignoraient, c’est que les oiseaux, se nourrissant des céréales produites par les champs, avaient été contaminés par les pesticides et autres engrais chimiques dissous dans les cultures. Les enfants, de santé plus fragile que les adultes, avaient également été affectés par ce mal, et même l’eau, que Babacar allait tirer du puits pour son fils malade, était chargée de produits chimiques nocifs pour la nature et le corps humain. Sans le savoir, tout le village avait contribué à la dégradation progressive de l’environnement, leur environnement.

Antoinette Neyra seconde 4

Ce travail a été réalisé, suite à l’intervention d’une conteuse au CDI avec Madame Neau (professeur de français) et Madame Lecocq (documentaliste).

Conter la nature

En lien avec notre programme de Français (Mme Néau)  et le thème de l’environnement auquel Mongré est fortement attaché, nous avons eu l’occasion de rencontrer au CDI (le 05 Octobre 2009) une conteuse partisane du respect de la planète. Madame Resche-Rigon  est en effet non seulement une passionnée des contes mais aussi la directrice de la  FRAPNA* de Villeurbanne.

Après avoir rappelé quelques notions sur la nouvelle, la conteuse nous en raconté trois dans un silence de cathédrale. Tout le monde a été captivé.

A la fin des récits, nous avons pu échanger et débattre sur ce que nous avons entendu et compris ; essayer de trouver des significations, et les relations que l’on peut établir avec l’écologie. Conter la protection de l’environnement est une autre façon (moins courante que les conférences) de nous sensibiliser à ce sujet. Le conte touche à la fois la  raison mais aussi le domaine des sens et des émotions.

Puis, nous avons abordé le conte d’un point de vue plus scolaire : quelles sont ses caractéristiques ? Quelle est sa structure ? Quels sont les différents types de contes ?

La conteuse nous a accordé ensuite une dernière nouvelle et nous a proposé pour finir un exercice d’écriture.

Cette expérience fut à l’unanimité très intéressante pour notre classe.

* FRAPNA : Fédération Rhône-Alpes de la protection de la nature.

Etienne de Varax 2°4