Défi Inter Classes sur le développement durable

Du 9 au 19 mars 2009, le CDI a accueilli une exposition sur le réchauffement climatique.

Quatre classes (3ème5, 3ème6, 2nde2, 2nde3) sont venues visiter cette exposition et ont participé à un défi inter classes. Il s’agissait pour elles de répondre à un questionnaire et de constituer un dossier informatique sur le sujet.

resultat defi inter classes

Mardi 19 mai, les résultats sont tombés et c’est la Seconde 2 qui a remporté le panier de produits issus du commerce équitable et de l’agriculture biologique (chocolat, fruits séchés, biscuits, jus de fruits, etc.).

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M Jaillard, directeur de l’établissement, remet à Mme Castellon le panier de la classe gagnante. Félicitations à ces élèves et merci à tous ceux qui ont participé à ce défi ainsi qu’à leurs professeurs, Mme Chapel, M Brochu, M Mergoux. Merci également à Mme Aubourg d’avoir animé la remise des prix.

Voici un extrait du dossier réalisé par la classe vainqueur :

Effet de serre 1

L’effet de serre est un phénomène naturel par lequel une partie de l’énergie solaire qui est renvoyée par la Terre est absorbée et retenue sous forme de chaleur dans la basse atmosphère. L’effet de serre est causé par les gaz contenus dans l’atmosphère, principalement la vapeur d’eau. D’autres gaz jouent un rôle dans l’effet de serre : le dioxyde de carbone, le méthane, etc.

Le dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre présent naturellement dans l’air et produit en grande quantité par les activités humaines. Il provient surtout de la combustion des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) mais aussi de certaines activités industrielles.

La plupart des gaz à effet de serre (GES) sont d’origine naturelle. Mais certains d’entres eux sont uniquement dus à l’activité humaine. Elle émet chaque année dans l’atmosphère environ 29 GT de CO2-équivalent provenant, pour une part, de l’agriculture, de l’élevage et de la déforestation mais aussi, en majorité, des énergies fossiles. La planète ne semble pouvoir absorber que la moitié de l’énergie retenue, essentiellement dans les océans. Cet excédent d’émission ne représente qu’environ 2% des échanges entre l’atmosphère, les océans et la végétation. Cependant, ces gaz s’accumulent dans l’atmosphère où ils peuvent rester pendant plusieurs décennies voire pour certains, plusieurs siècles.

Effet de serre 2

Merci la FRAPNA !

Grâce à Julie, une représentante de la Fédération Rhône-Alpes de la Protection de la Nature (FRAPNA),  la classe de 2°5 s’est « instruite » le 18 mars 2009 sur les gestes à adopter pour protéger l’environnement.

La conférence se composait d’ateliers et d’un diaporama. Les quatre ateliers sur l’eau (domaine spécifique de l’intervenante) nous (ré)apprirent comment fonctionne le cycle de l’eau, quelle est la quantité d’eau sur Terre, quelle utilisation on en fait etc.

C’est avec un puzzle, des quizz et des pipettes que l’on a tous appris en s’amusant.

Saviez-vous que l’eau destinée aux activités humaines représente 0,01% de la quantité terrestre ? Frapna 1

Qu’en se brossant les dents (environ 3 min) sans fermer le robinet nous dépensons 15L d’eau ?

Nous non plus, rassurez-vous !

Après une pause bien méritée, Julie a lancé son diaporama pour nous parler du développement durable et de ses grandes thématiques ainsi que de l’éco-citoyenneté.

Qu’est-ce qu’un écosystème ? Que signifie être écocitoyen ? Depuis quand parle-t-on de développement durable ? Comment peut-on aider à la protection de l’environnement ? Julie a répondu à ces questions pendant ces deux heures.

L’air, l’eau, les énergies renouvelables et les déchets sont les principales préoccupations de cette association créée en 1971. Indépendante de tout mouvement politique, elle est agréée par le Ministère de l’Environnement depuis 1978 et reconnue d’utilité publique depuis 1984.

La FRAPNA est membre de France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement.

C’est avec un grand sourire et un grand merci à Julie que nous repartîmes en cours de math sans oublier d’éteindre la lumière avant de sortir de la salle…

Eva Baffert 2°5

Cette conférence a eu lieu dans le cadre des cours d’ECJS avec Mme Lefebvre en partenariat avec les documentalistes.

Une religieuse au cœur des multinationales

Réflexion sur le libéralisme et la mondialisation

C’est autour de noix de cajou, pâtes de fruits, et mangues séchées que les élèves de terminale L-ES ont pu approfondir le jeudi 30 avril leur réflexion sur le développement durable, au cours d’une conférence privée donnée par Cécile Renouard, une militante atypique aux réflexions alter mondialistes.

Soeur Cécile et les élèves de TL/ES2 au CDI

Soeur Cécile et les élèves de TL/ES2 au CDI

Quelle croissance pour demain ?

Faut-il changer notre mode de production capitaliste ?

Est-il possible de placer notre économie, enfin, au service de l’humanité ?

Autant de questions qui, depuis le réchauffement climatique, l’augmentation galopante des inégalités, et la crise financière secouent la planète et sèment le trouble dans nos économies.

« Il serait temps d’opérer un changement radical de notre système  »

 

C’est d’abord au travers de son vécu, son cursus scolaire puis professionnel, que Sœur Cécile nous ouvre les portes de nos grandes firmes Multinationales (FMN), pour nous donner les enjeux auxquels celles-ci sont confrontées pour répondre aux exigences du développement durable.

Diplômée de l’école supérieure de commerce (ESSEC), Cécile de Renouard s’envole pour un premier voyage vers la Thaïlande où elle découvre les conditions de vie difficiles d’un camp de réfugiés cambodgiens – pourchassés par les Khmers rouges – ayant fui le régime de Pol Pot. Puis, c’est en suivant un projet de « La Caritas » (le Secours Catholique) que la jeune femme participe à un programme d’aide aux familles habitant dans des bidonvilles insalubres. Pourtant, c’est dans ce décor où hurle la misère que Sœur Cécile découvre des communautés solidaires, animées par la volonté de se battre et de s’en sortir. Sensibilisée par leur « soif de vie », Sœur Cécile s’interroge :

 

«  Que faisons-nous contre la pauvreté ? »

« Que faisons-nous contre les injustices internationales ? »

Notre système engendre des inégalités très fortes, et nous devons les combattre. Avons-nous seulement conscience de la misère à l’échelle mondiale ?  Premier constat : toutes les richesses crées sont mal réparties et des pans entiers d’humanité sont laissés en marge du système mondialisé.

« Aujourd’hui dans le monde  1 personne sur 6 souffre de malnutrition et vit sans eau potable »

 

C’est à la suite de ces expériences que Cécile Renouard décide de rentrer dans l’ordre de l’Assomption. Elle obtiendra en 2006 un doctorat de philosophie, d’éthique et de philosophie morale. Un an plus tard, elle écrit La responsabilité éthique des multinationales (PUF). En 2008 paraît son livre intitulé Un monde possible. Les acteurs privés face à l’injustice (Seuil).

Elle vient de sortir le 25 mars 20 propositions pour réformer le capitalisme (Flammarion) écrit en collaboration avec Gaël Giraud.

 

Au cours de la conférence, l’auteur redéfinit la notion du développement durable : Il s’agit avant tout pour nos sociétés de savoir comment concilier croissance économique, développement social et respect de l’environnement ; savoir à la fois répondre aux besoins actuels tout en préservant les besoins des générations futures, mais l’erreur serait d’oublier la dimension culturelle. Il faut appeler nos sociétés à faire preuve de plus d’équité sociale, en protégeant la diversité culturelle et en venant en aide aux petits producteurs des pays du Sud. Elle ajoute que cette notion prend une tournure politique : il s’agit pour tous nos gouvernements de définir, ensemble, des règles communes pour répondre aux exigences d’un tel enjeu.

« Il y a ce que l’on veut faire de nos existences au niveau individuel, mais surtout ce que l’on veut faire de nos existences au niveau collectif ! »

Quelle est la contribution des FMN pour le développement durable dans les Pays les Moins Avancés (PMA) ?

Sœur Cécile est partie enquêter sur des filiales de grandes firmes occidentales implantées en Afrique subsaharienne,  continent le plus marqué par la pauvreté, où elle explique que malgré nos préjugés, de grands géants européens comme Total, Michelin, ou encore Unilever déploient des efforts afin de réduire leurs émissions de CO2.  Mais ce développement durable a un coût (équipements recyclables, biodégradables) que seules  les grosses firmes peuvent assumer. De plus, la question est : ces géants prennent-ils ces initiatives par un réel souci écologique ou par intérêt ?

«  C’est en rassemblant  toutes les convictions que chacun porte en soi, qu’on pourra parvenir à changer les choses ».

Concrètement, comment ces firmes contribuent-elles au développement local des pays les plus pauvres ? Quelles taxes versent-elles au pays dans lesquels elles sont implantées ?

Pour illustrer ces transformations, Sœur Cécile prend l’exemple du projet « Grameen Danone » développé au Bangladesh en 2006 par Frank Riboud, PDG de la firme française  et Muhammad Yunus (prix Nobel de la paix en 2006) connu pour avoir fondé la première institution de micro crédit dans son pays, la Grameen Bank. Ces deux hommes se sont associés pour venir en aide aux populations les plus défavorisées. L’objectif était « d’apporter la santé » en vendant aux habitants pauvres des yaourts, à un prix accessible, recouvrant ainsi 30 % des apports journaliers ; au premier abord, l’association semble fonctionner en créant des emplois : une micro usine qui fait travailler les gens du pays et où les fermiers sont libres d’apporter leurs propres laits. De plus, la distribution est assurée par des femmes, une façon pour elles de s’émanciper.

Mais cette pratique a ses revers. En effet le projet élaboré par Grameen relève de la stratégie BOP « Bottom Of the Pyramid » (le bas de la pyramide) enseignée aux jeunes diplômés américains dans les grandes écoles : «  Sur 6 Milliards d’habitants, 4 Milliards sont pauvres, autrement dit il y a 4 milliards de personnes à qui je ne peux pas vendre mes produits ». A première vue, la théorie du « win-win » (gagnant-gagnant) semble être LA solution pour contrer la pauvreté dans le Sud, et pourtant en regardant d’un peu plus près, les sociétés non financières (SNF) aggravent la situation en menaçant  les produits locaux de disparaître, par la concurrence qu’elles leur imposent.

Il faut reconnaître que, dans le cas du projet Grameen Danone, il est prévu que 97% des profits soient réinvestis sur place. Il s’agit d’un projet de « social business » qui est complètement orienté vers les besoins des populations pauvres. Ce n’est pas le cas dans la plupart des projets relevant de la stratégie BOP ; d’où le caractère ambigu de cette théorie.

Cécile Renouard note que Frank Riboud est le PDG le mieux payé du CAC 40 (4,279 millions d’euros en 2008 selon le magazine Challenges) et ce contraste entre sa politique « Gramen-Danone » et son salaire n’échappe pas à Sœur Cécile, qui sait garder un œil critique tout en exposant ses idées.

La crise financière semble avoir  montré les limites du « laisser faire et du laisser passer », en propageant une crise d’importance mondiale aux conséquences sociales et économiques dévastatrices. Elle pose désormais le besoin d’une nouvelle croissance laissant intervenir davantage de morale.

Faudra-t-il attendre à chaque fois un dysfonctionnement du système pour mieux réagir ?

Ce n’est pas ce que pense Sœur Cécile, convaincue qu’une personne peut, par sa volonté et son engagement, influer à elle seule sur une situation.

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Après une courte pause où nos papilles ont plus travaillé que nos oreilles (les produits étaient biologiques et issus du commerce équitable !), de nombreux élèves ainsi que nos professeurs (Mme Angelot et Mme Lecocq) sont intervenus.

▪  Je ne vois pas comment les choses vont changer car ceux qui ont le pouvoir de les faire évoluer sont ceux qui en profitent le plus. Ils n’ont sans doute pas d’intérêt à ce que le monde change !

▪  Ce que fait Danone, c’est bien mais Danone n’est qu’une FMN parmi tant d’autres. Or il y en près de 70 000 !

 

▪  On sait depuis plusieurs années que le système est défaillant. Qu’est-ce qui empêche les choses de changer ?

« Le poids du passé joue beaucoup mais il y a des divergences d’opinions. On n’arrive pas à se mettre d’accord sur la technique à adopter : réduire les inégalités ou continuer de se développer, autrement dit d’une façon plus schématique, que faire ? Grossir le gâteau ou mieux répartir les parts ? Tous les économistes n’ont pas le même point de vue sur la question. »

▪  Quel est le lien entre votre foi, votre emploi chez Total et votre engagement sur le développement durable ?

« D’abord, je ne suis pas employée chez Total, mais je suis observatrice et je me permets de critiquer Total. Je peux aussi dire que mon engagement est lié à ma foi et que l’Evangile est pour la transformation du monde. St Jean nous a bien dit : « Si vous aimez Dieu et que vous n’aimez pas votre prochain, vous êtes un menteur ». Et je tente avec d’autres, de travailler à un monde plus juste. »

Aussi, pour conclure, nous retiendrons surtout de cette conférence, que même si la situation paraît désespérée aux yeux de beaucoup, il reste encore de l’espoir et cet espoir réside en nous, ou plutôt dans nos actions, dans notre volonté de changer le système en profondeur.

« Il ne faut pas tomber dans un fatalisme et se dire que tout est fini. Il faut y croire. Il faut croire que, à notre échelle, avec nos petites actions, nous pouvons déjà faire avancer les choses. »

Anne-Sophie Raffa, Floriane Brément, Benoît Blondeau, élèves de Terminales L/ES.

Ce travail a été réalisé dans le cadre des cours de Sciences Economiques et Sociales (SES) et de Philosophie avec Mme Angelot et Mme Lecocq.

Peut-on faire l’économie de la Nature ?

Nous sommes allés à une conférence d’Éloi Laurent, un économiste de l’OFCE, qui portait sur la nécessité de donner ou non un prix à la nature. Quatre thèmes ont été présentés tour à tour…

Photo FSEG

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  • La valeur de la nature

Peut-on donner un prix à la nature ? Et donner un prix, est-ce nécessaire au développement durable ?

Éloi Laurent pense effectivement que cela est possible et est nécessaire. Selon lui, on peut valoriser la nature dans le sens où l’on peut valoriser une ressource naturelle, lui assigner un prix. Il a donné notamment l’exemple de l’eau, car elle est une ressource difficile à transporter  qui crée beaucoup d’activité économique ; il a aussi évoqué la forêt, un véritable espace économique car il abrite à la fois des activités de sylviculture (ayant une valeur économique) et une biodiversité (avec une valeur écologique).

M. Laurent considère que cette valorisation de la nature pourrait avoir lieu dans le cas d’un changement de théorie économique, d’une redéfinition du dogme économique actuel. Il estime dans cette perspective que la crise économique existante pourrait parfaitement servir à ce changement en réconciliant économie et nature.

L’économiste affirme, de plus, que « les générations futures doivent être incluses dans les négociations ». D’après M. Laurent, les questions environnementales sont des questions éthiques ; on ne peut pas simplement résonner en termes d’utilité. D’ailleurs certains chiffres parlent d’eux-mêmes : en 30 ans (1970 – 2006) le niveau de vie monétaire des français avait doublé tandis que la biodiversité mondiale chutait de 30% (soit 1/3 d’espèces naturelles en moins sur la planète)… (Source INSEE et WWF).

  • La fiscalité verte

Faut-il introduire une fiscalité verte ? Quelles sont les activités imposables, jugées malsaines pour l’environnement ? Dans quelle mesure une fiscalité verte, peut-elle être efficace ?

M. Laurent nous a d’abord parlé de l’externalité, une situation économique dans laquelle l’acte de consommation ou de production d’un agent influe négativement (ou positivement) sur la situation d’un autre agent non impliqué dans l’action. Dans l’exemple d’Éloi Laurent, il s’agit des feux de champs engendrés par le trafic ferroviaire dans l’État du Nebraska au États-Unis. M. Laurent reprend ici la théorie d’Arthur Pigou, qui fut le professeur de John Keynes, selon laquelle l’agent influant doit indemniser l’agent victime pour le préjudice. En fait c’est Pigou qui introduit le principe de « pollueur-payeur » dès la première moitié du XXème siècle, sans doute le père de l’économie de  la nature. La taxe « pigouvienne » vise donc à internaliser une externalité. Il s’agit en fait de calculer le coût de l’externalité (le coût social/environnemental), et de mettre en place une taxe de valeur équivalente afin de décourager les activités polluantes. Dans le cas du trafic automobile, on ne connaît pas le prix de l’externalité (que se soit en terme de santé ou de pollution environnementale), car il est impossible d’évaluer les dommages exacts que cause la pollution automobile.

M. Laurent nous a aussi dit que la fiscalité verte représentait en moyenne dans le monde, 3% du PIB d’un pays. Les taxes concernent le plus souvent le domaine de l’énergie. Selon lui, les écotaxes sont réellement efficaces (exemple de la Suède), mais peuvent engendrer des inégalités sociales. En effet, par exemple une taxe sur les carburants (grande partie du budget des ménages pauvres) créerait de nombreuses inégalités, ce serait donc une atteinte à la justice sociale. En outre, les taxes sur la pollution favorisent bien sûr l’environnement, mais si elles s’accompagnent de mesures visant à diminuer les taxes professionnelles, cela aura par la même un effet positif sur l’emploi et la croissance économique.

D’après Éloi Laurent, la fiscalité verte est fondamentale mais il faut savoir la doser correctement pour éviter qu’il y ait un effet contre productif dans la sphère économique. Ainsi il rejette l’idée selon laquelle les entreprises des pays taxés sur le CO2 pourraient avoir des problèmes de compétitivité à l’étranger face à des entreprises et des pays non taxés. L’idée étant de compenser la perte relative de compétitivité par une taxe CO2 sur les produits étrangers.

  • La croissance verte

Ne faut-il pas limiter la croissance, voire prôner la décroissance afin de sauvegarder l’environnement ?

Le problème qui se pose actuellement en termes de décroissance s’est déjà posé au XIXe siècle dans des termes légèrement différents, mais le raisonnement reste malgré tout équivalent. Tout d’abord, M. Laurent reprend la théorie de Thomas Malthus (économiste classique prônant la décroissance démographique afin de pouvoir nourrir l’ensemble de la population) et la compare aux économistes favorables à la décroissance mais cette fois-ci non plus pour préserver l’alimentation mais afin de préserver la nature. Or il constate que la population mondiale n’a cessé d’augmenter depuis la première moitié du XIXème siècle (environ à partir de 1820), alors que le PIB par habitant a augmenté de façon très similaire (courbe en forme d’une crosse de hockey). Cela s’explique par des gains de productivité liés au progrès technique.

Aujourd’hui, le problème du changement climatique peut être appréhendé de la même manière avec des courbes des températures suivant, elles aussi, le tracé de la crosse ; or, là encore, on peut penser que des efforts en matières d’investissements verts permettront de ralentir cette croissance exponentielle des effets négatifs sur l’environnement tout en ayant un effet bénéfique sur l’économie qui pourra ainsi entamer une nouvelle phase de croissance économique basée sur l’écologie. M. Laurent prône la création d’emplois verts dans les secteurs des transports et du bâtiment (les deux secteurs les plus pollueurs en France en 2006). Il faut investir dans ces domaines, car il n’y a actuellement que 2 millions d’emplois verts dans le monde. Il préconise donc une fiscalité verte afin d’inciter les entreprises à investir dans ce secteur.

  • La nouvelle écologie politique

Selon Éloi Laurent, le capitalisme financier autorégulé est un échec. La crise financière en est l’illustration ; c’est dans ce sens qu’il souhaite une régulation externe des marchés (à savoir une intervention des pouvoirs publics).

Sur les questions environnementales, la démocratie doit être forte, tout comme l’État. M. Laurent a fait la remarque que les pays les moins avancés sont ceux qui émettent très peu de CO2. À titre de comparaison, la Chine représente 24% des émissions de gaz carboniques mondiales alors que l’Afrique entière ne représente que 5%. Mais ce sont pourtant les pays les plus pauvres qui sont les premiers touchés et les plus fragiles face aux catastrophes naturelles.

Le principe de « pollueur-payeur » ne s’applique pas bien ici. Il y a donc, selon lui, un problème de justice internationale.

Les pays développés, les plus pollueurs, souvent situés en zone tempéré, voient leur biodiversité en légère augmentation alors que les pays pauvres, quant à eux, voient leur biodiversité en très grande diminution. Ces derniers sont souvent mal gouvernés, peu démocratiques. La déforestation est l’une des plus grosses catastrophes de notre temps, les forêts tropicales sont détruites par les firmes multinationales occidentales qui profitent des régimes politiques en place. C’est en ce sens qu’il pense que seule la démocratie comme système politique est à même de concilier croissance économique équitable et protection de l’environnement.

D’après M. Laurent, la théorie de la main invisible d’Adam Smith ne fonctionne pas en écologie. Car l’intérêt individuel ne conduit jamais à l’intérêt général ou plutôt environnemental. L’économiste considère que le développement durable doit protéger les intérêts humains (actuels et futurs) sans mettre en péril la biodiversité et l’environnement en général.

Éloi Laurent préconise aussi un changement d’instrument de mesure pour connaître la richesse environnementale (l’exemple de la Chine est frappant à ce sujet, avec une très forte croissance économique, mais un taux de pollution record et en constante évolution). La richesse d’une société ne doit pas seulement être considérée par sa richesse économique mais aussi par sa richesse écologique. Le PIB qui ne calcule que la richesse économique n’est donc pas approprié pour mesurer cela, ni même l’IDH qui mesure la richesse économique, la « richesse éducative » et la « richesse sanitaire ».

Boutry Marie, Jimbert Ella et Josse Edouard (TES2).

Ce travail a été réalisé dans le cadre des cours de Sciences Economiques et Sociales avec Mme Mermet

Conférence de M. SILLION le Mercredi 11 Mars 2009 à la Maison de la Chimie Rhône-Alpes

A l’occasion de la cérémonie de remise des prix aux lauréats du concours régional des XXV ièmes Olympiades de la chimie, M. Bernard SILLION, directeur de rédaction au CNRS de la revue « CHIMIE ET SOCIETE », est venu présenter une conférence sur le thème des « BIOCARBURANTS ».

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En introduction, M. SILLION s’est attaché à définir la CHIMIE comme ce qui sert à décrire la matière, inerte et vivante. Pour lui, la chimie est à la biologie ce que le solfège est à la musique.

  • Quelles sont alors les missions de la chimie ?

Elles résident principalement en une compréhension de la matière et en une transformation de celle-ci ; cependant, de nos jours, de nouveaux objectifs associés à des besoins nouveaux conduisent la chimie à évoluer.

Cette évolution aurait pour origine la raréfaction des matières premières ainsi que le réchauffement climatique, mais M. SILLION tient à rappeler à propos de ce dernier, qu’il y a déjà eu des réchauffements climatiques à raison de cycles d’environ 140 000 ans, dont l’origine est la décroissance, de manière périodique, de la distance Terre – Soleil entraînant le réchauffement de la surface de notre planète. Cependant, la cause principale du réchauffement reste l’activité humaine et notamment les rejets de plus en plus importants depuis le siècle dernier de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone, CO2. Il existe des moyens naturels d’éviter ces rejets, comme la photosynthèse des végétaux qui utilise le CO2 et l’eau en présence de lumière pour former du glucose et du dioxygène. La biomasse, (organismes végétaux et animaux vivants), se régénère en consommant le CO2, par photosynthèse, à raison de 45% de carbone par an. D’autre part, cette biomasse est une importante source d’énergie

On compte parmi les principaux responsables de l’augmentation du taux de CO2 les raffineries de pétrole utilisant des combustibles fossiles à l’origine de ces émissions. La consommation d’énergie de ces raffineries est d’environ 11000 kWh ce qui est relativement considérable. Elles consomment par an environ 3,5 milliards de tonnes de pétrole. On considère actuellement que les réserves de pétrole sont de 160 milliards de tonnes ce qui nous permettrait de tenir encore 40 à 50 ans en ne modifiant pas nos modes de consommation.

De ce fait, on constate un véritable enjeu en ce qui concerne la raréfaction des matières premières. Il faut tenir compte cependant du renouvellement des ressources en pétrole qui s’effectue naturellement.

Par ailleurs, toutes les ressources ne sont pas épuisées lorsqu’il s’agit du carbone : il reste du charbon (laissé à l’abandon par suite de reconversion au siècle dernier d’une industrie minière en une industrie axée vers le pétrole essentiellement), du gaz naturel (méthane CH4) et des hydrates de méthane (stables dans certaines conditions de température et de pression, on ne sait pas actuellement comment les exploiter, emprisonnés dans un dodécaèdre de glace et situés entre 600 et 1000 mètres de profondeur)

Les ressources ne manquent pas, certes, mais restent peu exploitées par manque d’intérêt et d’approfondissement des techniques qui permettraient de le faire.

  • Quelles démarches doit – on entreprendre ?

Il faut développer une chimie plus durable, accroître et diversifier l’utilisation des matières premières et développer les biocarburants. Le terme de « chimie durable » désigne une chimie qui se doit de répondre à nos besoins. En 1990, par exemple, aux Etats-Unis, le programme EPA a lancé un mouvement de chimie verte qui avait pour objectif de développer les technologies chimiques pour éviter les dangers.

Dans cette avancée, l’influence de certaines organisations, telles que l’ONU, est majeure et, plus récemment, il faut citer le programme REACH : programme à dimension européenne dont les objectifs sont d’enregistrer les produits et d’évaluer les risques qu’ils représentent sur la vie humaine et sur l’environnement ; c’est ainsi que sont répertoriées plus de 30 000 espèces chimiques, et qu’au 1er juin 2007, au niveau européen, un règlement a été rédigé, précisant sept objectifs, dont la protection de la santé humaine et la diminution des expériences sur les animaux. En bref ce programme représente une voie nouvelle pour le développement futur de l’industrie chimique et de l’innovation.

  • Où en est l’avancée des démarches pour une chimie durable ?

On compte désormais « les douze commandements de la chimie verte », parmi eux on trouve :

– une volonté de réduire les déchets en en produisant un minimum. Il s’agirait de procéder à des réactions chimiques permettant de mettre en jeu des réactifs ayant pour produit une seule espèce chimique (soit : A+B→AB et non pas A+B→AB + C) ;

– limiter les dépenses énergétiques ;

– rechercher des matières premières renouvelables ;

– rechercher des réactions catalytiques ;

– rechercher davantage de produits de synthèse biodégradables (qui ne persistent pas dans la nature) ;

– travailler en continu pour éviter les stockages.

Les résultats attendus sont principalement :

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L’enjeu ici serait d’utiliser pour une même chimie d’autres sources que le pétrole, on pense :

– aux gaz de synthèse produits à partir d’une oxydation partielle du méthane. D’autre part, les Chinois travaillent efficacement à la valorisation du charbon dont ils font le monopole de l’industrie, ils réfléchissent à sa liquéfaction.

– à réduire CO2 par C selon l’équation : CO2 +C → 2 CO.

– à réintroduire le CO2 dans la chimie par d’autres techniques comme celle de la synthèse du méthanol CH3OH mais pour ce faire il faut des réactions exothermiques (libération d’énergie) ; or certaines sont endothermiques (absorption d’énergie, par exemple : CO2 + CH4 → 2 CO + 2 H2).

Toutes ces réactions ont été mises à l’écart après l’arrivée du pétrole mais sont sur le point d’être remises au goût du jour.

M.SILLION a aussi évoqué:

– Le gaz dihydrogène H2, il est obtenu à 96% à partir de la matière fossile et à 4% par électrolyse de l’eau ; le problème est alors l’importance du coût de l’électricité consommée.

– Les agro-ressources : la question alors est de savoir comment les utiliser. Par exemple, lorsqu’il s’agit de tensioactifs (molécules qui s’organisent à l’interface de deux autres et favorise l’émulsion ; exemple de la moutarde dans une sauce vinaigrette, du jaune d’œuf dans une sauce hollandaise, du savon dans l’eau…), leur intérêt est d’abaisser la tension interfaciale entre deux phases non miscibles.

En Inde, beaucoup de ressources renouvelables sont créées à partir de ressources naturelles.

– Les agro-polymères, tels que la cellulose (produite à raison de 6 millions de tonnes par an pour la chimie, fibres cellulosiques), l’amidon (produit à 35 millions de tonnes par an, polymère biodégradable, amorphe très utilisé pour les emballages et les films), le PLA (l’acide polylactique qui se développe fortement, obtenu par fermentation du sucre ; il n’est cependant pas entièrement naturel) : il faut progresser dans le développement de ces agro-polymères ; en effet les polymères sont présents dans les emballages, le BTP, ils représentent 13% du poids d’une auto, or actuellement, sur les 6,72 millions de tonnes de déchets produits seulement 300 000 tonnes sont renouvelées.

– Les biocarburants mythe ou réalité ?

On entend énormément parler des « biodiesels ». Le fait qu’ils soient des triesters leur donne un poids moléculaire élevé qui limite leur utilisation aux tracteurs lourds : ils seraient inadaptés à des moteurs de voitures.

La référence énergétique pour l’utilisation des carburants est le PCI (Pouvoir Calorifique Inférieur ; sans compter l’eau). L’ester par exemple possède un petit PCI ce qui le rend intéressant d’un point de vue énergétique.

L’obtention du Biodiesel se fait avec un coproduit le glycérol (1,2,3 propane triol) qui sert aussi à une autre polymérisation, ce qui donne un avantage à la production du biodiesel, mais le glycérol à éliminer est fragile, il faut donc trouver des solutions.

Par ailleurs, l’éthanol est largement utilisé en tant que carburant au Brésil car il empêche les rejets de CO2 (40% des voitures là-bas utilisent l’éthanol). Cependant sa production se fait à partir de la canne à sucre dont l’étendue de la production provoque la déforestation. De plus, l’éthanol possède un fort PCI ce qui implique que pour une même puissance il est nécessaire d’utiliser une quantité beaucoup plus importante d’éthanol que d’essence. Il en découle que, si on veut utiliser l’éthanol de façon plus importante en tant que carburant, il sera nécessaire de trouver un autre moyen de le produire et une autre biomasse que le sucre.

On peut penser à la biomasse non liée à la culture traditionnelle comme les dérivés lignocellulosiques issus des plantes entières, il faudra séparer les ligneux des dérivés mais, là encore, le PCI inadapté aura pour conséquence une consommation trop importante de ces plantes.

  • La question qu’il faut se poser en conclusion : est-ce raisonnable de développer les agro-carburants ?

Leur production nécessitant 120% du territoire, nous avons la réponse. Il ne serait plus possible de nourrir les 9 milliards d’habitants de la planète prévus pour 2050.

M. SILLION a alors cité Antoine DE SAINT EXUPERY : « Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible »

30% seulement du gisement pétrolier sont utilisés, on peut tenir mieux partie des ressources fossiles en développant d’autres techniques, par exemple en injectant du CO2 fluide super critique pour dissoudre le pétrole.

Puis M. SILLION a précisé que dans le domaine des énergies, il ne faut pas rêver, en nous indiquant qu’une éolienne ne produit qu’un millième de l’énergie nucléaire, que, pour produire 100W par l’énergie solaire, il faut disposer de un mètre carré de panneaux. Il regrette que le projet de la centrale Super Phénix ait été abandonné.

Enfin, au terme de sa conférence, M. SILLION souligna: « Manger ou conduire il faut choisir ! »

Mariannik MADEC (professeur de physique et chimie en TS) et Sophie SORNET (élève de TS)